Le GAGAKU :
Il désigne les répertoires de la musique de Cour, dont les origines remontent à plus de 1 500 ans. Le gagaku a en effet été importé de Chine au 5è siècle (et de Corée), puis institutionnalisé au Japon en l’an 701. Il devient ainsi la musique officielle de la Cour impériale. Il s’inscrit alors en opposition avec la musique populaire et folklorique (zokugaku).
Le gagaku perd en notoriété à compter du 12è siècle et tombe pratiquement en désuétude. Il resurgit toutefois sous le règne du shogun Ieyasu Tokugawa (1543-1616), une figure très importante de l’Histoire japonaise dont je te parle dans un de mes articles sur Nikkō. Après la Seconde guerre mondiale, il devient de plus en plus populaire.
La musique gagaku se divise en 3 genres profanes (bugaku, kangen, utamono) et 1 genre religieux (mikagura) exécuté à l’occasion de certaines cérémonies bien déterminées. Le genre bugaku accompagne des danses très colorées. Le kangen est une musique exclusivement instrumentale, tandis que l’utamono est chanté.
Les instruments utilisés pour la musique gagaku peuvent être classés en trois catégories :
– les percussions (Uchimono), avec le kakko et le san no tsuzumi (petits tambours), le taiko (grand tambour cf. encadré ci-après), le shōko (petit gong en bronze), les shakubyōshi (claquettes en bois) ;
– les instruments à vent (Fukimono), avec le hichiriki (sorte de hautbois à 9 trous), diverses flûtes, le shō (orgue à bouche) ;
– les instruments à cordes (Hikimono), avec le gakubiwa (luth à 4 cordes), le koto (grande cithare, cf. encadré ci-après)…
J’ai eu la chance d’assister (entre autres) à une représentation de musique gagaku à la Philharmonie de Paris en octobre 2018, dans le cadre du programme culturel Japonismes. Cet événement célébrait 160 ans de relations diplomatiques entre la France et le Japon. C’était quelques mois après mon voyage en terre nipponne, l’occasion rêvée de me replonger dans la culture japonaise.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gagaku m’a surprise et m’a laissée un peu perplexe au début… C’est une musique dont le rythme lent et les sonorités dépaysantes et complexes peuvent paraître très inhabituels à nos oreilles occidentales. Elle requiert donc une certaine ouverture d’esprit ! J’ai néanmoins vécu un grand moment d’émotion, en particulier en seconde partie de soirée. La musique accompagnait alors le sublime danseur contemporain Kaiji Moriyama. Une incroyable chorégraphie dans laquelle planaient des voiles à la texture veloutée, reflétant la lumière tout en ondulations. C’était d’une poésie et d’un raffinement exquis…
Mais trêve de bavardages ! Voici une démonstration de gagaku, partagée il y a quelques années par l’UNESCO :